La Loterie du BAC
Scolarité injuste, comment peut-on encore faire confiance à ce diplôme tant convoité ???
Bruno Suchaut, de l'Université de Dijon, a testé 66 professeurs d'économie : jusqu'à onze points d'écart entre leurs notes, sur une même copie d'examen.
Il faut un peu de chance pour décrocher le bachot. La polémique n'est
pas nouvelle. En 1994, un professeur de philosophie avait fait scandale
en attribuant 1/20 à la copie d'un jeune lauréat du concours général de
philo... Hier, Bruno Suchaut, directeur de l'Institut de recherche en
éducation, a remis de l'huile sur le feu, dénonçant « la loterie des notes du bac ».
Ce
chercheur de Dijon a choisi six copies de sciences économiques et
sociales, rédigées pour les épreuves de 2006 et 2007. Il les a ensuite
fait corriger par 66 professeurs de deux académies différentes. Les
résultats sont parfois sidérants. Ainsi, le travail d'un candidat a été
noté 5/20 par un enseignant et 16/20 par un autre. Pour une autre copie
- qui avait obtenu 15/20 au vrai bac - les notes des correcteurs testés
ont varié de 8 à 18/20.
Certaines appréciations accompagnant la
note laissent également pantois. Ainsi, un enseignant, qui inflige 4/20
à une copie d'économie, souligne que « toutes les notions ne sont pas maîtrisées ». Alors que l'un de ses collègues attribue un 14/20 au même devoir en saluant « des connaissances maîtrisées ».
Certains
correcteurs seraient-ils décidément trop sévères et d'autres laxistes ?
Même pas ! Le chercheur montre que des enseignants classés parmi les
plus indulgents pour une copie peuvent compter parmi les plus durs pour
la suivante.
En conclusion, Bruno Suchaut pose la question du maintien de l'épreuve actuelle du bac, « tout en sachant que son remplacement par le contrôle continu n'est pas la panacée ».
Différence avec l'épreuve réelle.
C'est la faiblesse de ce test. Au bac, les correcteurs participent à
une « commission d'entente » pour rapprocher les critères de notation.
Ils ont aussi des consignes écrites. Ensuite, une fois les copies
corrigées, ils siègent à la commission d'harmonisation où les notes,
comparées à celles obtenues par l'élève pendant l'année sont souvent
amendées.
Pour en savoir plus, retrouvez le document de travail de Bruno Suchaut
OUEST FRANCE